Wednesday, August 24, 2016

L'agriculture camerounaise selon Flavien Kouatcha

Agriculture
Cameroun

Selon Serge Kamgaing, consultant national en Système d'Information et Statistiques Agricoles, l'agriculture constitue pour le Cameroun "l'un des principaux moteurs de la croissance" économique. En effet, poursuit-it, en 2008, "le sous-secteur des cultures vivrières et de la rente représentent 75% de la Valeur Ajoutée du secteur primaire qui contribue à environ 23% du PIB". Dans le secteur de l'emploi, l'agriculture ainsi que l'élevage occupent également une place prépondérante au Cameroun. Conformément aux chiffres de l'INS, "la contribution du secteur agriculture et élevage est située à environ un tiers de la main d'oeuvre totale" du pays. Un secteur qui semble bien prometteur au premier abord. Parce que selon Flavien Kouatcha,
 jeune ingénieur généraliste camerounais de 27 ans et fondateur de 'Save Our Agriculture", une entreprise basée au Cameroun, qui à vocation à contextualiser l'aquaponie pour l'Afrique, l'agriculture camerounaise connait de nombreuses difficultés. Inquiété par le déficit en importations que connait son pays, ce dernier s'interroge principalement sur la qualité et la disponibilité des semences adéquates aux productions agricoles, le manque de main d'oeuvre spécialisée dans le domaine, les modes de production, et enfin la logistique et distribution. Pour essayer de redorer le blason d'un secteur qui piétine, Save Our Agriculture fabrique et vend des kits aquaponiques "pour des personnes qui veulent avoir leurs aliments biologiques à domicile", et travaille sur l’unité conteneurisée, un produit dont le premier prototype se verra installer à Douala (capitale économique du Cameroun) en Décembre prochain permettant "aux agriculteurs et industriels de produire plus et mieux, directement sur les espaces de vente en zone urbaine". En fait, ces équipements révolutionnaires ont pour but d'accroître les volumes de productions et réduire les coûts pour les divers utilisateurs. En dépit des difficultés administratives et financières auxquelles Save Our Agriculture fait face, le CEO met toutes les chances de son côté pour aider les agriculteurs. Sa recette de réussite est simple: se faire accompagner et être ouvert aux éventuels échecs. J'ai eu la chance de m'entretenir avec Flavien Kouatcha pour en savoir plus sur son entreprise révolutionnaire:
              
AE: Bonjour Flavien Kouatcha, comment allez-vous aujourdhui? Merci de mavoir accordé cet entretien. Alors pour débuter pouvez-vous vous présenter aux lecteurs?
FK: Je suis Flavien KOUATCHA, ingénieur généraliste camerounais de 27 ans passionné d’agriculture. Je dirige une entreprise d’agriculture durable basée dans mon pays.

AE: Justement, vous êtes le fondateur du projet Save Our Agriculture, qui vise à combattre les problèmes de logistique que rencontrent les producteurs agricoles en zones rurales au Cameroun. Alors quest-ce qui vous a motivé à monter ce projet?
FK: Ma première expérience agricole remonte à l’année 2012. J’avais décidé de cultiver des pommes de terre dans la région de l’Ouest du Cameroun d’où je suis originaire. Faire face aux difficultés de la logistique a été une expérience tellement désastreuse que je me suis dis qu’en tant qu’ingénieur, je me devais de trouver une solution pour tous les autres jeunes et futurs acteurs de l’agriculture dans mon pays et sur le continent. C’est ainsi que nous avons commencé, avec mes collaborateurs, à rechercher des moyens de production faciles et accessibles directement dans les villes. Il nous est donc venu l’idée de contextualiser l’aquaponie pour l’Afrique, cette technique qui a fait ses preuves il y a plusieurs années dans les pays du continent asiatique.

AE: Selon vous, quelles sont les difficultés auxquelles les agriculteurs font face en zones rurales?
FK: Je préfère directement parler d’agriculture camerounaise parce que la zone rurale regorge la majorité du potentiel agricole national. A mon avis, l’agriculture camerounaise connaît 4 principales difficultés aujourd’hui. D’abord la qualité et la disponibilité des semences adéquates à nos productions. Ensuite, la main d’œuvre efficace et bien formée, puis les modes de production, élément clé dans la valorisation de la chaîne alimentaire et enfin la logistique et distribution. Ce dernier attribut est celui auquel nous avons décidé d’apporter une solution rapide avec l’aide des producteurs et consommateurs

AE: Cet engouement pour lagriculture provient-il dune passion personnelle ou alors est-il tout simplement le fruit dannées dexpériences professionnelles et/ou académiques?
FK: (Rires) Je n’ai jamais vraiment travaillé dans l’agriculture avec une rémunération. Il faut dire que je suis né en zone rurale. Mais je participais à l’exploitation agricole familiale au même titre que mes frères. Certes, ma passion est née à cette époque mais je me suis jamais dit dans mon enfance que je vivrais de l’agriculture. Aujourd’hui, j’ai traversé de nombreuses étapes de ma vie, j’ai travaillé à des postes de responsabilité dans des entreprises multinationales et ensuite, j’ai décidé que ma voix devait compter. Aussi simplement.

AE: Quels services offre « Save Our Agriculture » aux agriculteurs ruraux?
FK: 
Nos services ne s’adressent pas seulement aux agriculteurs, mais aussi aux consommateurs qui souhaitent être impliqués dans la chaîne de production ou fabriquer leurs aliments eux-mêmes à domicile. Aujourd’hui, nous fabriquons et vendons des kits aquaponiques pour des personnes qui veulent avoir leurs aliments biologiques à domicile. Mais, notre produit ultime est l’unité conteneurisée dont nous installerons le premier prototype en Décembre dans la ville de Douala. Cette dernière permettra donc aux agriculteurs et industriels de produire plus et mieux, directement sur les espaces de vente en zone urbaine.

AE: Quels avantages votre projet apporte-t-il à ces agriculteurs et à ceux des zones urbaines?
FK: Grâce à nos installations, les utilisateurs pourront accroître leurs volumes de production de 2 à 3 fois plus. En réduisant les pertes dans le circuit, ils dépenseront moins d’eau pour produire les aliments. Cela a des répercussions sur le taux de carbone déversé dans l’environnement. Avec un retour sur investissement de 15 mois, nos unités seront un outil de redynamisation de l’agriculture nationale et même internationale.

AE: Percevez-vous de potentiels inconvénients?
FK: Le seul inconvénient que nous percevons à ce jour, c’est l’investissement de départ qui s’avère plus important que dans une installation conventionnelle.

AE: À quels obstacles faites-vous face quotidiennement dans le contexte de votre projet?
FK: Jusqu’à aujourd’hui, notre projet a été financé sous fonds propres. Vous pouvez imaginer que ce n’est pas facile. Entre les rémunérations, les charges fixes et autres consommables, c’est vraiment la passion qui nous guide. Néanmoins, nous pensons que les choses pourraient nettement être améliorées si l’information circulait convenablement au niveau du Ministère en charge de l’Agriculture, qui a mis en place de nombreux programmes mais nous ne savons pas exactement comment procéder pour en bénéficier. Nous avons récemment reçu une invitation de la présidence du Kenya pour l’African Green Revolution Summit en Septembre prochain. Nous aimerions bien nous y rendre après avoir présenté la solution à nos autorités, ce qui n’est pas chose facile puisque nous avons demandé plusieurs audiences sans succès.
Nous avons aussi un problème de main d’œuvre. Il est de moins en moins facile de trouver du personnel compétent dans l’agriculture. Davantage lorsque vous vous attaquez à des domaines encore plus précis comme l’aquaponie. Et lorsque vous formez le personnel, il s’en va s’il est pressé de toucher des rémunérations importantes. En l’occurrence, un jeune sera plus intéressé à être moto-taximan qu’agriculteur avec une vision sur le long terme.

AE: Ce projet requerrait-il un financement important? Si oui, comment êtes-vous arrivé à le financer?
 FK: A ce jour, nous en sommes à plus de 10 millions de Fcfa de dépenses. Nous avons pu y arriver grâce à de nombreux amis et membres de la famille qui croient en ce projet. Aussi, nous avons mis en vente des kits aquaponiques individuels. Je pense que c’est l’une des meilleures décisions que nous ayons prises. Même si cela ne peut pas être mis en avant pour un rendement important, c’est une sorte de démonstration des potentialités de l’aquaponie et jusqu’ici, ça a bien marché.

AE: Quels sont les facteurs qui ont facilité lenvol de ce projet?
 FK: Tout simplement la passion et la foi en ce que je fais. Sans oublier l’accompagnement de personnes passionnées qui constituent mon équipe de travail.

AE: De quels moyens usez-vous pour accroître la visibilité de votre projet, notamment sur internet et sur le terrain?
 FK: Nous avons un site internet que nous mettons à jour régulièrement, nous avons des comptes sur les réseaux sociaux. Même s’il n’est pas toujours évident de tenir toutes ces activités avec une main d’œuvre réduite, nous essayons de rester présents et captiver notre audience à notre façon.

AE: Quel est votre plus grand rêve?
 FK: Faire entrer l’agriculture dans le programme de formation de mon pays. Nous ne comprenons pas encore à quel point c’est important de pouvoir produire ce que nous consommons. La balance des importations étant déficitaires à ce jour, nous sommes loin de pouvoir prétendre à l’autosuffisance alimentaire souvent énoncée dans les médias.

AE: Quels conseils donneriez-vous aux jeunes africains et plus particulièrement camerounais qui aimeraient se lancer dans des entreprises agricoles mais nosent pas?
 FK: Il ne faut pas trop réfléchir. Faites-vous accompagner si vous n’avez pas le courage suffisant. Mais, sachez que vous pourrez ne pas réussir du premier coup. Ce n’est pas mauvais. Le vrai échec, c’est de ne jamais essayer du tout.

AE: Merci encore pour cet interview.

Facebook: Save our agriculture (@saveurag)
Sources: http://www.countrystat.org/country/CMR/contents/docs_content/cmr-panorama-report-i.pdf

Par Anne Edimo


1 comment:

ANDRAINO ADAMS said...

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